Faces + places: Megane Betend

La freerideuse française Megane Betend fait tourner les têtes. Et pour une bonne raison. Offrir des performances déterminantes pour sa carrière sur le Freeride World Tour n'est pas une mince affaire, mais c'est exactement ce que Megane a fait, apprivoisant les montagnes sauvages du monde entier au cours des dernières saisons avec des variations de lignes créatives, un style fluide et de puissantes prouesses.

Nouvelle dans l'équipe Orage, Mégane n'est pas étrangère au ski big mountain. Sur ses skis à l'âge de 2 ans, elle a rapidement dévalé les pistes du Mont Saxonnex, un village de Haute Savoie dans le sud-est de la France. Ses premiers jours ont aiguisé ses compétences et lui ont fourni les éléments essentiels lui permettant de réussir à Chamonix, où elle a ensuite déménagé avec sa famille pour y découvrir le freeride.

Nous avons rencontré Megane afin de vous la présenter et découvrir sa vie en tournée, sa relation avec le ski et plus encore.

Tu as eu une saison mémorable en participant au Freeride World Tour. Comment te sens-tu maintenant que tu as remporté une médaille de bronze ? 

Si j'avais su dès le départ que j'aurais les résultats et l'expérience que j'ai acquis cette saison, je me serais inscrite directement en début de saison ! Une troisième place au général pour ma première saison, c'est une victoire et surtout quand ça s'est fait en quatre étapes. J'aurais aimé avoir la chance de m'améliorer là-dessus en fonction des résultats de Verbier. 

Avec l’épreuve finale annulée, que penses-tu de la tournure des événements après avoir attendu si longtemps ? 

Pour être honnête, je suis un peu déçue de ne pas avoir eu la chance de skier sur la fameuse Bec des Rosses. J'ai toujours rêvé de cette face et c'est ce qui m'a donné envie de faire du freeride. C'est le genre de ski de grande montagne qui me correspond et j'aurais pu m'exprimer librement. Beaucoup d'entre nous ont été déçus, mais cela fait partie de notre sport. Mère Nature prend toujours les décisions. 

Parlez-nous de tous les défis et sacrifices pour arriver à ce point culminant de l'événement freeride par excellence du ski. 

Cela a été un long voyage avec beaucoup de compromis à la fois personnellement et financièrement, mais je ne regrette vraiment rien jusqu’à présent. Concilier travail, entraînement, études, compétition et déplacements demande beaucoup d'organisation. Je suis heureuse de ce que j'ai accompli sans me soucier du regard des autres et je suis encore plus motivée à aller de l'avant. J'étais loin d'être la meilleure, mais je suis déterminée et j'ai travaillé fort pour toujours évoluer et progresser dans mon sport. Je termine la saison sur un nuage, avec encore quelques bonnes journées de ski en vue. 

Que représente le ski pour toi ? 

Je peux dire que désormais le ski est avant tout une passion, celle qui me pousse à me donner les moyens d'y arriver. Par contre mes débuts n'étaient pas si bons; j'étais dégoûtée du ski alpin quand j'étais plus jeune et j'ai seulement retrouvé du plaisir à skier quand j'ai arrêté la compétition et skié pour moi avec mes amis. Le ski, c'est aussi mon métier. Étant monitrice de ski et ayant eu besoin de travailler en parallèle, j’ai passé du temps à transmettre aux autres. Du temps que je n’avais pas pour moi. Mais ces compromis n’ont fait que renforcer ma motivation pour en arriver là.  

Qui sont tes influences et héros du ski ? 

Je peux dire que Léo Slemett est ma plus grande inspiration. Ayant passé du temps ensemble durant notre adolescence, c'est lui qui m'a donné envie de faire de la compétition et j'admire son parcours et sa détermination. Aurélien Ducroz et Reine Barkered sont pour moi des légendes, de vrais skieurs avec une technique incroyable. Marion Hearty est la reine du snowboard et porte-parole des causes féminines dans le sport. 

Parle-nous du ski chez toi à Chamonix. 

Tout le monde connaît Chamonix, c'est le Disneyland de la montagne avec les avantages d'une petite ville. Tout est possible : escalade, vélo, randonnée, alpinisme, et, bien sûr, cela attire les gens. C'est bien parce qu'on a toujours quelqu'un avec qui partager une activité, mais d'un autre côté c'est parfois affolant de voir autant de monde et c'est dur de faire les premières traces de poudreuse. 

Quelles sont tes conditions préférées pour skier et qui t’accompagne ? 

J'adore skier sur la neige fraîche — qui n'aime pas ça ? Mais bizarrement, en compétition, je trouve que ça peut être délicat et j'ai tendance à m'endormir quand c'est trop facile alors que quand je me fais secouer les chaussettes je suis beaucoup plus concentrée. J'aime aussi les conditions printanières avec de la neige fondante. Je ne skie par toujours avec les mêmes personnes ; J'ai mon équipe d'entraînement avec mon coach et sinon je vais skier avec des gens différents. 

Que fais-tu en été ? 

Je travaille à l'Aiguille du Midi depuis cinq étés. Cela me permet d'avoir suffisamment de temps libre pour m'entraîner et d’avoir le printemps et l’automne libres. J'essaie de quitter un peu Chamonix pour découvrir d'autres endroits et puis je suis toujours contente de revenir. 

Comment s'est déroulée la compétition sur le Freeride World Tour cette saison ? 

C'est un bon groupe et une bonne ambiance. C'était un rêve pour moi de pouvoir courir avec les meilleurs athlètes. C'est stressant et ça demande de la rigueur et de l'organisation, mais ça en vaut vraiment la peine. 

Comment te prépares-tu mentalement et physiquement pour le FWT ? 

J'ai toujours fait du sport, mais à partir de juillet j'ai un programme physique personnalisé qui dure jusqu'au début de l'hiver et que je maintiens ensuite tout au long de la saison. 

Je commence à skier à l'automne avec quelques jours sur les glaciers pour retrouver les sensations et à fond à partir de décembre lors de l'ouverture des stations. Je n'ai pas de préparateur mental. Je n'en ressens pas le besoin. Mon coach de ski me connaît maintenant très bien et nous discutons de tout, ce qui m'aide beaucoup. 

Comment choisis-tu ta ligne ? 

Parfois, j'ai une ligne qui me saute aux yeux et que j'ai vraiment envie de faire. Parfois, c'est plus compliqué et je ne suis pas inspirée, mais en scannant la face, je trouve des choses que j'arrive à développer. Généralement, quand je skie exactement ce que j'ai choisi, ça se passe plutôt bien. 

Comment te calmes-tu les nerfs le jour de la compétition ? 

Je ne calme pas mes nerfs, je fais avec ! C'est compliqué de gérer cette pression, qui est là quoi qu'il arrive. Je n'ai pas vraiment de technique de respiration ou quoi que ce soit, je me rassure en me disant que j'y arrive, que j'ai bien travaillé ma ligne et que je fais de mon mieux, peu importer ce que font les autres. 

Qu’est-ce que le futur réserve pour Mégane Betend ? 

Difficile à dire, je me pose cette question et ça fait un peu peur d'y penser. Pour l'instant je prends ce qui vient et je vis pleinement cette expérience. Je suis là où je voulais être et c'est magnifique. Bien sûr, j'aimerais continuer et évoluer, filmer des vidéos et continuer le ski de grande montagne. J'ai encore beaucoup à apprendre ! 

Quel est ton vêtement Orage le plus essentiel en compétition ? 

Je garde mon haut de base Moss avec le col roulé exclusivement pour les compétitions ! Il est super doux et j'ai gagné avec lui à Kicking Horse. Je suis trop superstitieuse ! 

Je reçois tellement de compliments sur mon manteau Torngat ! Personnellement, j'adore le design et la poche kangourou asymétrique. La qualité est incroyable et je me sens bien dedans.